Enseigner

mars 14, 2014

J’ai déjà lu que l’enseignement fait partie des jobs les plus personnelles et engageantes parce que principalement la rencontre d’êtres humains. Quand j’ai fait cette lecture, je me suis dit que c’était vrai, j’ai eu cette impression de trouver mes pensées formulées par quelqu’un d’autre. En même temps, je n’avais jamais fait l’expérience…

L’enseignement, on s’entend, c’est loin d’être une clé USB insérée dans un ordinateur. Oh mon doux !

Et finalement, c’est pas mal ce à quoi je m’attendais. Enseigner, ça se fait d’un individu complexe à un autre. Ils ont leurs personnalités, leurs expériences et leurs mood swings, je suis pareille… et on doit faire avec parce qu’après tout on se voit tous les jours, jour après jour, dans la même salle pour la même raison. On entre dans la vie de nos élèves et ils entrent dans la nôtre.

En quelques semaines, j’ai appris (et n’ai pas fini d’apprendre) sur la personnalité de chacun de mes élèves. Je suis exposée à des êtres, à des semi-adultes, à des bientôt adultes, à des individus en formation qui vivent et sentent les choses à leur manière propre. L’expérience est précieuse.

Je me rappelle m’être déjà surprise à retrouver dans mon alter-moi ado beaucoup de ce qui est resté et de ce qui est devenu ma personne aujourd’hui. Je ne sais pas ce que mes profs ont vu chez moi dans le temps, s’ils pouvaient voir plus loin que mon attitude, mes piercings et mon manque d’effort. Je me connaissais mal dans ce temps-là…  quand on parle de potentiels, quand je parle de potentiel chez mes élèves, j’ai l’impression qu’on parle de moi adolescente ! Je vois en certains de mes élèves de grands talents, un bel avenir qu’ils ne soupçonnent même pas. Tout comme moi, je ne soupçonnais pas, au secondaire, les choses que je serais capable de faire dans ma vie adulte.

Inversement, quand on enseigne, on est nous-mêmes exposés aux sentiments, au jugement de nos jeunes. On a une multitude de paires d’yeux rivée sur nous, tandis qu’on essaie avec notre seule tête de tous bien les sizer. Notre cerveau va à toute allure, tandis qu’eux ont tout le temps du monde pour nous scruter. Je me souviens avoir pris en note au secondaire le nombre de fois qu’un de mes profs disait son mot fétiche ou le nombre de fois qu’il avait son tic. Je me rappelle avoir été sévère dans mes jugements, avoir haï injustement, avoir eu pitié et avoir eu de l’admiration pour les personnes qui tenaient la classe, qui animaient, qui faisaient le show. Je suis une de ces personnes aujourd’hui ! Et qu’est-ce que je dégage ? Mystère et boule de gomme. Eh qu’on est vulnérable devant une classe d’ados ! Avec un peu de chance, on est exposé ET compris un peu aussi.

Tellement de choses à gérer en même temps, c’est le plus grand, le plus dur et le plus beau challenge que je connaisse.

 

Une Réponse to “Enseigner”

  1. Roland carrier said

    La dernière fois je vous ai parlé de l’aviation, pilote petits appareils pour commencer pour vous envoler ailleurs quitter le plancher des vaches, faire battre votre cœur un plus vite pcq c’est l’aventure et la liberté lorsqu’on flotte vers le soleil de minuit.

    Alors là vous me sciez. Vous voilà justement dans un vaste et sombre et tout autant par contraste si lumineux, au pays des braves, des cowboys qui s’envolent aussi loin que le réservoir peut contenir de l’essence.

    Vous êtes prof mais si l’occasion se présente, sautez dans un hélicoptère, un twin otter. Les pilotes sont au bar du coin, les infirmiéres qui partent avec eux en cas d’urgence volent dans toutes les conditions possibles, et les pilotes degrandes gueules mais ce sont des bons.

    J’ai connu une infirmière chef qui en a beaucoup à dire sur ce monde exceptionnel, cette nature si profonde si vaste ou vous avez le sentiment d’être si petit. J’ai travaillé à la Baie James quelques temps. Donc le tout fondé sur la confiance mutuelle, la qualité professionnelle, le respect et l’entraide mutuelle.

    Elle me racontait que la toute première responsabilité c’est d’être habillé correctement, les bottes pour le grand froid à côté de la porte et le ski doo en bon état de marche,en permanence de conserver de l’essence en tout temps pour vous déplacer.Parlez leur. Ils en ont tellement à raconter.

    J’ai été prof au collégial en formation de la main d’œuvre. Ce que vous écrivez à propos du métier de prof est tellement vrai et juste. Ce métier , le plus beau et ben! On l’a ou on l’a pas.

    Quant à moi c’ėtait des classes formée de groupes de 15-17 personnes Max et la plupart d’entre eux de tous les pays avec des diplômes d’ingénieurs et de d’autres professions et un jour un prof docteur en génie de l’université de Bucarest qui ne trouvait pas de job dans son domaine soit-disant sans expérience pratique au Québec.

    Lui et comme tant d’autres se sont inscrits à une formation en techniques de gestion administrative pour une intense année à raison de 52 semaines correspondant à 52 semaine d’assurance emploi, 25 h de théorie par semaine assis sur une chaîne en bois dur,et des examens dans toutes les matiēres à tous les mois et demi et interdiction de rater un examen sous peine de renvoi. Pour moi, c’était une véritable découverte et…oui, ils vous regardent, genre comme t’é qui toé.

    Alors on se dit voilà ce qu’on va faire. Comment faite passer des notions de droit des affaires aride sans glisser dans l’ennui le plus total. Voilà ce que j’ai fait. Étudiant à la maîtrise en administration publique, je leur ai dit « on sort de la classe » je les ai amené au tribunal, pendant des proçès, à des RDV ėcouter et apprendre le financement d’une entreprise, rencontrer des grėvistes cours rapports collectifs de travail…et voici le chapitre et faites- moi quelque chose là-dessus. Jetons par dessus bord la chaise et la langue de bois. Appelez-moi, qu’est-ce que je peux faire pour vous Oui, c’est un beau et vrai métier, comme vous qui est aussi vraie et juste dans vos chroniques, Florence!

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